
60 ans du MIN : Marie Massart (journal de la Métropole – Novembre 2022)

Le Marché d’intérêt national de Montpellier, géré par la Sem Somimon, fête cette année ses 60 ans. Maire de Montpellier, Michaël Delafosse, souhaite conforter l’outil pour en faire un relais puissant au service de la transition écologique, engagé depuis des années en faveur de la promotion des circuits courts et de la souveraineté alimentaire sur la commune et la métropole. La présidente du MIN, Marie Massart, a répondu aux questions de la FedEpl.
Je voudrais d’abord rappeler que 500 personnes œuvrent au quotidien au marché gare pour alimenter les commerces de proximité de la ville et de la métropole de Montpellier. En tout, ce sont près 4 000 emplois directs et indirects qui sont concernés.
« 500 personnes œuvrent au quotidien au marché gare pour alimenter les commerces de proximité de la ville et de la métropole de Montpellier. Nourrir la métropole est une grande responsabilité. Le MIN répond à deux objectifs principaux : permettre aux habitants d’accéder aux productions agricoles en réduisant les circuits de distribution, et proposer un prix au plus juste : le plus bas possible pour les consommateurs mais aussi rémunérateur pour les producteurs. Répondre aux enjeux climatiques et sociétaux sont aussi les nouvelles priorités du marché gare. Il doit donc être modernisé et agrandi pour accueillir de jeunes entreprises portant des projets ambitieux dans l’alimentation durable, développer le pôle de transformation, être associé à la création d’une cité de l’alimentation qui proposera une politique alimentaire responsable, de qualité, à destination du plus grand nombre. »
Marie MASSART, Présidente du Marché d’Intérêt National de Montpellier
Avec sa première série de podcasts, le Cirad convie les auditeurs à un tour du monde des systèmes alimentaires. Première étape à Montpellier où le projet « Ma cantine autrement » a permis l’optimisation de la restauration scolaire par 25 actions fortes liées à la lutte contre le gaspillage, à la reconnexion avec l’agriculture ou encore à l’éducation au bien manger. Une démarche qui inspire d’autres collectivités, comme celle de Rufisque au Sénégal.
Intervenant·es :
La restauration scolaire possède un fort potentiel de sensibilisation pour mieux connaitre ce qui se cache derrière le simple fait de manger. Il s’agit, en outre, d’un service public vital surtout pour les familles défavorisées.
Le projet Ma cantine autrement, développé par la Ville de Montpellier, est l’un des plus ambitieux de France dans son domaine. « Il concerne l’ensemble des jeunes montpelliérains inscrits à la cantine, soit 22 000 enfants qui déjeunent dans les 85 restaurants scolaires de la ville et les 42 centres de loisirs », résume Luc Lignon, directeur de la politique alimentaire de la Ville de Montpellier.
La politique alimentaire de Montpellier a intéressé le département de Rufisque au Sénégal qui jouxte Dakar. La collectivité a contacté la chaire Unesco Alimentation du Monde, dont Nicolas Bricas, socioéconomiste au Cirad est titulaire. « Après plusieurs visites et échanges entre les deux villes, un projet de coopération financé par le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères a démarré fin 2019 avec une volonté d’échange et d’apprentissage mutuel », explique le chercheur. Celui-ci porte à la fois sur la question des infrastructures de marché, sur la restauration scolaire et sur la gouvernance d’une politique alimentaire territoriale.
Au titre de sa Présidence du MIN, Marie Massat a signé la convention d’approvisionnement local qui permettra à plus de 20 000 personnes accueillies par les Restos du Coeur d’être approvisionnées en produits frais par des producteurs locaux.
La précarité alimentaire est encore malheureusement trop élevée à Montpellier. L’étude menée en 2020 dans le cadre des états généraux de la solidarité alimentaire a permis d’estimer le volume de l’aide alimentaire à Montpellier :
– 8 000 usagers directs
– 1 million de repas distribués par an soit 2 500 à 3 000 repas par jour
– 1 375 famille aidées par la prise en charge des repas de cantine scolaire à 0,5 €
– 39 associations et un collectif citoyen œuvrent pour l’aide alimentaire dont 14 en font leur objet prioritaire
La crise provoquée par le COVID a accentué cette précarité avec de nouveaux publics notamment les étudiants.
Je n’oublie pas non plus les trop nombreux agriculteurs et nombreuses agricultrices qui se retrouvent, c’est un comble, en situation de précarité alimentaire faute d’une rémunération juste de leur activité.
Fort heureusement, grâce au travail des associations, à Montpellier l’aide alimentaire couvre l’ensemble des besoins.
Les produits distribués sont malheureusement parfois de mauvaise qualité notamment ceux issus des invendues des supermarchés ou de l’aide alimentaire de l’Europe. Les associations ne sont pas responsables de ce système elles en sont parfois même victimes car c’est une gestion logistique très complexe.
Nous savons que les publics les plus précaires ont le plus souvent une alimentation de mauvaise qualité pas uniquement à cause du prix mais également par des pratiques culturelles ou par manque d’accès à certaines informations. Une alimentation de mauvaise qualité a des conséquences importantes sur la santé et là encore ce sont les publics aux revenus les plus bas qui ont le plus de difficulté d’accès aux soins.
La convention que nous signons aujourd’hui est le fruit d’un travail mené entre le MIN, l’association des producteurs d’Occitanie et les Restos du cœur. Par cette convention, l’association des Restos du cœur de l’Hérault, s’engage à acheter, au prix du marché, des fruits et des légumes aux producteurs locaux via l’association des producteurs d’Occitanie.
Cette convention aura de nombreux avantages :
Nous avons là une mobilisation des différents acteurs : bénévoles, salarié.es, producteur.ices, élu.es. Je remercie tous les acteurs de cette mobilisation. Je salue le choix fait par les Restos du cœur de l’Hérault de s’approvisionner prioritairement en fruits et légumes locaux, des fruits et des légumes cultivés à moins de 50 km de Montpellier. Permettre une alimentation de qualité locale est un combat de chaque jour. C’est main dans la main que nous y arriverons, comme aujourd’hui avec cette convention.
Commentaires récents